La Covid 19: un trop grand mal pour la jeunesse africaine et son éducation.
- AEGSK
- 29 févr. 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 sept. 2020
Présenté par Mr. Karl Adriel IKAP'IKAPI
Les mesures de confinement prisent pour stopper la propagation du virus ont été d’une certaine inefficacité et ont démontré à travers le monde l’incapacité des nations à réagir ou à s’adapter, des inégalités d’accès aux ressources et aux soins, des populations délaissées par les dirigeants et des difficultés pour coordonner les actions des organisations internationales à la crise sanitaire. La pandémie de Covid-19 apparaît chaque jour maintenant, un peu plus comme une catastrophe qui n’est pas uniquement sanitaire, mais également sociale et morale.
Pourtant, cette crise n’est pas sans précédent dans l’histoire. Pour n’en citer qu’une, l’épidémie de peste qui a ravagé le monde depuis l’antiquité pouvait nous préparer à réagir différemment et à apporter des solutions concrètes à la crise actuelle. En effet, bon nombre de personne (re)découvrent en ce moment La Peste d’Albert Camus dont l’intrigue du roman, présente l’histoire de l’épidémie de peste dans la ville d’Oran, « la ville fermée ». Une ville dont l’isolement impacte les restrictions sur les libertés individuelles et modifie les comportements collectifs.
Cette situation de peur et d’incompréhension qu’a connue le monde autre fois, sans nous laisser de réels enseignements, plonge nos nations aujourd’hui dans une dérive morale et sociale, qui seront certainement bien plus graves que la maladie elle-même.
Depuis l’implémentation du Covid-19, presque toutes les universités et les établissements d’enseignement supérieur dans le monde ont fermé leurs bâtiments ; et ne seront certainement pas prêts à les rouvrir d’ici la prochaine rentée académique. Comme dans tant de domaines, économique ou sociétaire, on ne mesure pas encore l’amplitude des dégâts et les enjeux qui seront laissés dans le système éducatif et à notre jeunesse post-Covid.
Partout dans le monde, et plus particulièrement en Afrique, la fermeture massive des écoles et des établissements secondaires dans le but de contenir la propagation du virus, confronte le système éducatif à un véritable défi. Bien que les organismes gouvernementaux coopèrent avec les organisations internationales et les partenaires du secteur privé pour élaborer les stratégies d’apprentissage à distance et assurer la continuité du programme éducatif à l’aide des nouvelles technologies, l’Afrique reste le continent le plus impuissant face à la crise dans son secteur éducationnel.
Plus rien malheureusement ne peut rendre crédible une prochaine rentrée académique physique. On ne peut absolument pas espérer en envoyant les enfants dans les écoles et les collèges que tous porteront sérieusement leurs masques et ne rapporteront pas le virus à leurs parents. En effet, vivre une deuxième grosse vague de pandémie serait mettre à mal l’économie et déshumaniser encore plus notre société humaine. A priori, généraliser l’enseignement à distance serait la meilleure option pour nos politiques.
En Afrique, les professeurs et les étudiants ne seront pas tous dotés d’ordinateurs et de connexions à haut débit ce qui est primordial pour donner et suivre confortablement des cours par vidéo en direct.
Les efforts entrepris, des organisations internationales et gouvernementales pour déployer à grande échelle un apprentissage à distance à tous les niveaux d’éducation ne permettent pas de favoriser toutes les classes sociales.
Aujourd’hui encore l’Afrique, le continent à la plus jeune population mondiale, ne dispose pas de moyen véritable pour suivre toute cette jeunesse. Dans cette guerre sanitaire, les étudiants africains perdront certainement gros : moins de socialité, moins d’apprentissage de la vie commune, de travail de groupe, de relation avec les professeurs, de vie associative, sportive, syndicale et politique. Sans s’attarder sur la régression du niveau éducatif post-covid, le manque de suivi la jeunesse que favorise non pas le programme de cours en ligne mais les difficultés majeures que ne cache plus le continent noir, va entraîner des conséquences bien plus grave telles que l’augmentation de la délinquance juvénile et des grossesses précoces.
Nos dirigeants devraient s’adapter malgré le manque de moyens. La jeunesse du continent noir doit faire partie des priorités afin que les conséquences ne soient pas déplorables.
L’Afrique devrait préparer les prochaines crises. Aujourd’hui, les professeurs ne sont absolument pas accoutumés à ce genre de pédagogie : ils n’auraient plus la possibilité d’interagir avec l’auditoire, ni d’avoir de contacts d’après-cours, tout ce qui est primordial pour ajuster les enseignements au niveau de l’étudiant et favoriser sa compréhension. Même si cela ne dure que quelques mois, voire un an, le dommage sera gigantesque.
L’Afrique devrait développer de nouvelles stratégies plus efficaces et former des enseignants prêts à réagir favorablement à ce genre de situation. On ne se doit plus de participer à cette société qui nous a amené à ce type de désastre. Il faudrait favoriser l’accès à internet, l’ouverture de plateformes accessibles pour tous, mais surtout former les enseignants à ce nouveau modèle de pédagogie. Par la même occasion, il serait intéressant que les portes du système éducatif de l’Afrique s’ouvrent dorénavant à l’apprentissage des métiers du web, cela pourrait contribuer à une Afrique plus à l’aise face à ce genre de crise.
Les circonstances présentes nous font comprendre que ce qui a existé hier, existe aujourd’hui et que ce qui existe aujourd’hui existera demain. Il est essentiel de regarder l’avenir en face. Pour s’y préparer. Parce que cet avenir dépend encore de nous.
Sénèque disait : « A-t-on compris que notre bonheur dépend de ce que nous savons transmettre aux autres ? » Autrement dit : réalisons-nous que le bonheur des générations futures est dans notre intérêt le plus égoïste ?
Cela nous renvoie alors à la priorité majeure du jour : la rentrée scolaire. C’est en la préparant le mieux possible, dans toutes ses dimensions, directes et indirectes, que nous créerons les conditions d’une société vivable pour tous.
On en est encore loin.
Pensez à cette jeunesse, avant qu’il ne soit trop tard.
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